Interview : Gilles Pesnot
-Chanteur, chercheur, « cueilleur et passeur d’expérience »-
1/ Quelques mots sur votre parcours de chanteur à professeur de chant, jusqu’à proposer des ateliers pour « Libérer sa voix » ?
Chanter m’a toujours « habité ». Petit, c’était pour moi comme une thérapie, un exutoire. Je n’avais qu’un simple filet de voix, pourtant, je suis devenu chanteur de jazz. J’ai alors donné des concerts après lesquels, je me retrouvais constamment aphone et épuisé. J’ai suivi des cours de chant tout en constatant au fur et à mesure que mes tensions corporelles gênaient la libération de ma voix. Rapidement, l’opportunité d’enseigner m’a été donné, ce qui m’a conduit à créer, avec mon frère, une école de chant « La boîte vocale », dont la spécificité était un travail sur le corps, en plus de celui sur la voix. A l’époque, mes recherches se sont portées vers la méthode Feldenkrais, le technique F.M Alexander,… toutes disciplines visant la détente du corps. Succès faisant, un projet est né celui d’accompagner par la voix et différentes techniques artistiques, des personnes en réinsertion. Et là, c’est le déclic ! Les résultats positifs de cette action me poussent à aller plus loin dans ma recherche. Je découvre alors le yoga du son, le chant des harmoniques, par des stages, des formations…jusqu’à rencontrer une méthode qui présente la synthèse parfaite de ce que j’ai cherché pendant 15 ans. Aujourd’hui, l’enseignement que je propose se nourrit de la pédagogie et de toutes mes expériences vécues : en cela, je deviens « cueilleur et passeur d’expériences ».
2/ Vous proposez des ateliers et des stages. Comment ceux-ci se déroulent-ils ?
Les stages et les ateliers se déroulent de façon identique si ce n’est le nombre de personnes. L’intérêt du stage réside en la continuité du travail et en la cohésion du groupe, ce qui permet des échanges vibratoires plus intenses. Cependant, ce travail se fait individuellement, chaque personne se construisant différemment. Dans chaque groupe, les personnes passent à tour de rôle, chacun bénéficiant du passage des autres. La séance commence par des sons chantés dans la posture debout. Puis, selon les individus, le travail se poursuit dans des postures variables qui visent à libérer les tensions accumulées dans le corps.
3/ Quels sont les bénéfices thérapeutiques du travail sur le souffle et la voix ?
La méthode que j’utilise à des vertus thérapeutiques nombreuses et variées. Les plus évidentes : confiance et affirmation de soi, détente générale et calme profond.
Ce travail peut se comparer à «l’auberge espagnole ». Les personnes viennent, s’installent sur le tapis et finalement ce sont eux qui décident de l’enjeu et des objectifs. Une voix qui ne porte pas, l’impression de n’être pas entendu, compris, le sentiment d’une dichotomie entre ce qu’elles pensent être et ce qu’elles projettent à l’extérieur, tout cela pousse les personnes à venir en cours. Le travail que je propose, tout en ré harmonisant la personne, éveille des forces en sommeil en elle invitant à une transformation globale. Lorsque le souffle est juste et centré, on débranche le mental et le côté émotionnel et esthétique se trouve court-circuité. La voix change, elle devient plus posée, plus stable. Aussi, comme nous sommes émetteurs et récepteurs, nous attirons à nous des circonstances plus favorables à notre évolution.
Par ailleurs, sur le plan physique, les douleurs dorsales se trouvent apaisées, voire même disparaissent. Tout ce qui se trouve lié à des tensions. Par exemple, la mâchoire bloquée qui est le symptôme de cervicales rigides, généralement aussi de lombaires très en tension et d’un bassin qui a perdu sa mobilité et sa souplesse. Avec la méthode, on détend tout cela et les résultats sont souvent surprenants…et durables.
4/ Peut-on parler d’un travail de rééducation de la voix ?
Plus précisément, on parlera d’un travail de rééducation du souffle et de la posture. La voix est, en même temps, le témoin, l’outil et, pour les chanteurs, la finalité. Dans ce travail, il y a deux grandes étapes. D’abord, la plomberie : on va ouvrir, redresser, nettoyer le tube vocal pour ensuite passer au travail de lutherie : accorder l’instrument sur un plan énergique et vibratoire.
5/ A quel public s’adresse vos cours de chant ?
A des personnes en recherche de calme et de paix dans leur vie, désireuse de transformer à travers le travail vocal, leur relation à la vie et aux autres ainsi qu’à des chanteurs, débutants ou professionnels freinés dans leur expression et leur progression. Toutes les tranches d’âge sont concernées. Plus le travail sera fait jeune, plus les blocages seront faciles à défaire.
6/ Y-a-t-il des contre-indications ?
La hernie discale déclarée en est une. Dans ce cas on peut trouver les moyens de travailler mais il faut avancer avec délicatesse.
7/ Vos cours de chant agissent-ils comme des « accordeurs » de l’instrument qu’est notre corps ?
Je dirai plutôt des « harmoniseurs ». Ce travail est fondamentalement pythagoricien. C’est un travail sur l’harmonie. Le titre original de la méthode est : « analyser, construire et harmoniser par la voix ». La question qu’on se pose est : que serait devenu ce bébé s’il avait grandi harmonieusement ? La pratique consiste à ramener la personne au plus prés de cette proportion originelle pour que la symbolique du corps soit respectée et qu’une fluidité s’installe.
8/ Quel lien faites-vous avec l’énergie vitale qui nous anime et le travail vocal que vous proposez ?
Le lien est simple : toutes les grandes traditions orientales parlent du « Qi » et emploie le même mot pour désigner le souffle du système respiratoire et l’énergie sous-jacente à la vie. Il s’agit donc bien d’un travail sur le « Qi ».
9/ « Vibrer en harmonie » participe-t-il, selon vous, au processus de santé ?
La maladie arrive quand une zone du corps se trouve bloquée et ne reçoit donc plus l’information. En travaillant sur le souffle et la voix, on va ré-harmoniser la personne dans sa structure et éviter qu’elle se bloque à nouveau. Ce travail bien mené modifie les structures physiques mais aussi psychiques et émotionnels. Il vient très souvent potentialiser et accompagner d’autres formes de thérapie car il permet à la personne de recevoir cellulairement les informations qu’elle a reçu par ailleurs.
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Marie-Dominique Lejosne
Rédactrice indépendante
Contact : madolejosne@yahoo.fr
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